Starting Block ou rite de passage?

Publié le par latanierealivres

 

L’automne peint de bruns, de jaunes et d’ocre les feuilles et je contemple la forêt que j’adore en cette période de l’année. Pour une fois, j’ai le temps de me poser, parenthèse bienvenue dans la course du quotidien. Je me sens nostalgique, comme si je sentais que ma quarantaine était en accord avec la saison. Il me vient en tête que la modeste expérience que je possède maintenant, j’aurais bien aimé l’avoir au moment où tous les chemins étaient encore ouverts. Il est vain de revenir en arrière et de se juger à postériori mais la question reste posée : ma génération, celle qui est née dans les années soixante-dix, a grandi dans les années quatre-vingt et fait ses choix dans les années quatre-vingt dix, qu’avons-nous fait de nos chances ?

 

Il y a plus de vingt ans maintenant,  l’atmosphère ensoleillée était étouffante sous les verrières du  grand  hall. Un petit millier de candidats planchait depuis une petite heure, soupirant  et stressant devant les pièges que leurs futurs professeurs avaient concoctés. Ils s’étaient jaugés du regard à leur entrée dans la salle, évaluant les chances de chacun et le nombre de concurrents par rapport au nombre de places en première année : environ un sur quatre parmi eux reviendrait début octobre faire sa rentrée. Beaucoup d’entre eux ne connaissaient pas la ville de Primas et, à quelques semaines du bac, très peu d’entre eux aurait l’occasion de la découvrir ce jour-là.   Ils avaient déjà passé la première épreuve, celle de la sélection sur dossier et ils affrontaient maintenant les écrits. Comme tous les élèves de terminale de France, la principale angoisse de l’année n’était pas celle de l’examen mais celle de l’avenir. Leur présence en ce samedi matin de mai était un premier pas, une espérance de se retrouver au même endroit à l’automne.  Pendant que les jeunes couvraient des pages et des pages, leurs parents étaient reçus par la directrice et les enseignants, histoire de les convaincre de payer les frais de scolarité de leur progéniture. Les spéculations et les rêves éveillés allaient bon train.

Les enjeux n’étaient pas forcément les mêmes pour tous : certains voulaient vraiment cette école, d’autres voulaient ces études là et l’éloignement familial. Les motivations étaient diverses, variées, exotiques et parfois aussi simple que l’envie de s’envoler du nid.

Ils arrivaient tous avec leurs passés, leurs failles, leur envie de grandir ou pas et leurs forces. Ils allaient faire le grand saut, quitter leur univers familiers, certains avec joie, d’autres à regret… ils étaient tous différents mais quelques années allaient les réunir. 

Qui suis-je pour raconter cette histoire ? Juste un ou une d’entre eux, je ne sais pas vraiment si j’en ai même le droit : Oui puisque c’est aussi la mienne, alors disons que c’est ma vision des choses déformée par le filtre de mes émotions et du temps.

Nous étions donc plusieurs à la rentrée en octobre à avoir franchi le barrage du concours et à nous retrouver dans ce même hall au milieu des autres pour commencer une année dont on ne savait pas ce qu’elle nous réservait ! 

- à suivre-

Publié dans écriture perso

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